Ivresse
Il est tard. Le crépuscule ne résiste pas longtemps à l’intensité de l’ambiance lunaire qui s’impose sur l’horizon. Peu à peu, la rumeur de la ville et les passants se confondent, pendant que la nuit, berçant l’air ambiant, prend dans ses bras les noctambules qui passent par là.
Juste au-dessous des premières étoiles qui apparaissent, de la vois lactée qui trace timidement par dessus nos têtes le chemin des espoirs encore permis de nos futures destinées, doucement le bal des ombres se met en place.
Le brouhaha de la journées s’efface pour laisser place au tintement des verres qui s’entrechoquent, aux rires qui éclatent, aux discussions intimes ou imprévues qui rythment délicatement cet instant parfait, ce moment délectable.
Entraînée par cette mélodie improvisée, véritable symphonie de tous les paramètres ambiants, si complexe et si simple à la fois, la réalité a soudain un goût de paradis imaginaire, artificiel.
Plus rien n’a d’importance. Tout est si parfait, même le temps ne compte plus, et puis le temps c’est maintenant, au présent. Impossible de le saisir, ce lapin blanc toujours à l’heure, au tournant.
La soirée continue son ascension, sans faux semblants, sans chichis, sans tralala. L’alchimie invisible pénètrent sans bruits le moindre centimètre carré de notre peau, les moindre recoins de notre esprit. Ivresse, orgies des sens, euphorie imprévisible.
Se sentir vivant, ici ou ailleurs, partager cette joie universelle sans mots, mais pas sans cœur et arrêter de condamner notre âme d’enfant qui ne demande qu’à sentir, goûter, toucher, voir, entendre, … vivre.
L’obscurité bienfaisante ne sera qu’éphémère, emportant avec elle cette perfection insaisissable, similaire et différente à chaque apparition. L’aurore se rapproche, avec elle un nouvel univers, qui nous rappelle que chaque seconde qui passe suffit à transformer nos vies sur terre.
Enfer insomniaque
C’était quoi ce bruit ? Trop tard, Morphée a pris la fuite
Sensation de torpeur, douleur chronique qui s’invite
Mes paupières ne supportent plus cette nuit parasite
Mes yeux hagards, grands ouverts s’agitent
Mes méninges au bord de l’implosion palpitent
Le temps se faufile, vite, trop vite
Concentre-toi, respire, détends-toi
Dans mon cinémascope, y a mes idées qui galopent, qui galopent
Concentre-toi, respire, détends-toi
Non pas elle, pas elle, pas cette… et merde, j’crois que je fais une insomnie
En tête à tête avec ma tête de lit
Je compte les minutes et les moutons me défient
Sans en avoir vraiment envie je refais le film de ma vie
Les images défilent à une vitesse infinie
Présent, passé, futur, je perd le fil du récit
Ces filaments de souvenirs me mettent au défi
Tout à coup j’ai peur, j’ai l’impression que la folie m’envahit
Concentre-toi, respire, détends-toi
Dans mon cinémascope, y a mes idées qui galopent, qui galopent
Concentre-toi, respire, détends-toi
Insomnie, insomnie, assomme-moi et puis au lit
Impossible d’arrêter la machine infernale
C’est l’enfer insomniaque qui m’attaque le bocal
Tant bien que mal j’essaye de garder le moral
Je me concentre sur des idées banales, un peu bancales
Mais le torrent de mes pensées déferlent dans mon encéphale
Tsunami, séisme, tempête, je vis un véritable attentat cérébral
Étrange atmosphère , visages éphémères, paroles en rafale
Répétitions de représentations aux répercussions collatérales
Impossible de lutter contre cet adversaire subliminal, fatal
Concentre-toi, respire, détends-toi
Dans mon cinémascope, y a mes idées qui galopent, qui galopent
Concentre-toi, respire, détends-toi
Insomnie, insomnie, assomme-moi et puis au lit
Ni tout a fait réveillé, ni tout a fait endormie, figée, bloquée
Soumise aux caprices de ce monstre sans merci, acharné, sans pitié
Qui transforme n’importe quel être humain en véritable zombie, exténué, épuisé
Bref, le temps se dilate, l’insomnie se délecte, mon corps se délabre, je désespère
Ma conscience a perdu les pédales sans que je ne puisse rien y faire
Les heures me paraissent être des secondes sans fin, une éternité
L’appel du sommeil se transforme en obsession lorsque le jour pointe le bout de son nez
J’emporte avec moi les valises de cette nuit blanche, transparente, effacée
Mon corps et mon esprit affaiblis se raccrochent à des mots pour se rassurer
Sieste, abandon, sommeil, parenthèse, virevoltent au-dessus de mes premiers cafés.
Insomnie, insomnie, accroche-toi la journée n’est pas finie…